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SANS RETOUR

La lumière vive grimpait comme un lierre autour des flancs du bâtiment, pénétrant les entrailles, y soufflant son haleine de brûlé composite. Les cris métalliques de corneilles emplissaient l'espace. Il avait marché longtemps jusque là, traversant d'abord une forêt où des cratères d’eaux sombres illuminaient leurs bordures de fougères cramoisies, puis suivant le fil blanchâtre d’un sentier à moitié recouvert de cendres et de morceaux d’écorces calcinées. Dos au soleil couchant, il consulta nerveusement l’écran de son portable qui le frappa de l'absolu d'un éclair noir ; batteries à plat. Il pénétra dans l'ombre mécanique de l'édifice et y trouva enfin un peu de fraîcheur. Ça sentait l'humidité, la terre, la graisse, le métal. Il songea à son départ de la ville, à sa voiture abandonnée loin d’ici le long de la route. Il n’y avait plus de retour possible.

 


 

© BERTRAND JACQUELINET 2023

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